Le Sacre du printemps

musique : Igor Stravinski
Le-Sacre-du-printemps-©-Olivier-Houeix-OHX_5546

24

avril

Note d'intention

Le rapport de l’homme et de la nature fascine et inquiète Martin Harriague. De ce qu’il évoquait déjà dans ses créations récentes (Sirènes, Fossile, Serre) - la renaissance du vivant, sa puissance, la lutte pour sa survie - l’œuvre iconoclaste et géniale de Stravinski pour les Ballets russes contient tout, et plus encore. Par bien des aspects, le Sacre était une avancée « révolutionnaire », tant par sa chorégraphie de Nijinski que pour sa partition.   Harriague décide de s’emparer du mythe en respectant l’intention originelle du compositeur : illustré par un rite païen, « c’est la sensation obscure et immense à l’heure où la nature renouvelle ses formes, et c’est le trouble vague et profond d’une pulsion universelle », précise Stravinski dans un article que Martin Harriague prend pour référence (CND, revue Montjoie, 29 mai 1913). Jacques Rivière, clairvoyant directeur de la NRF, parlait à l’époque d’un « ballet biologique » : « le printemps dans son effort, dans son spasme ... On croirait assister à un drame du microscope ». Le martèlement rythmique complexe qui donne à l’œuvre sa force sauvage et menaçante convient au langage corporel de Martin Harriague, explosif et terrien. Parce que la musique le lui dicte, il renonce cette fois à tout lyrisme gestuel; il se concentre sur le pouvoir expressif du mouvement primitif et des figures fractales par lesquelles le groupe s’enroule, se déploie, se contracte comme le vivant resurgit, se fraie partout un chemin avant d’exploser.    À Nijinski qui avait osé cette rupture transgressive avec le langage classique, Harriague emprunte le piétinement des Augures printaniers qui « marquent de leur pas le pouls du Printemps ». Les citations du ballet originel s’arrêtent là, mais la pièce toute entière témoigne de la volonté de s’appuyer, pour mettre en scène la vision de Stravinski, sur l’expressivité de la musique, particulièrement éclatante sous la baguette de Teodor Currentzis. On ressent physiquement l’énergie sauvage et l’effroi intemporel qui habitent ce groupe confronté à la violence du vivant, purifié par le rite. On perçoit la sauvagerie et la nécessité de l’offrande finale de l’élue, principe féminin incarnant l’énergie du printemps, la sève, pure et saine, qui monte, allégorie du vivant qui s’élève vers la lumière.   Avant la représentation inaugurale du 29 mai 1913, Igor Stravinski avait écrit un texte publié le même jour dans la revue littéraire et artistique « Montjoie ». Il s’emploie à expliquer ses intentions en livrant son analyse du ballet :    Dans le Prélude, avant le lever du rideau, j’ai confié à mon orchestre cette grande crainte qui pèse sur tout esprit sensible devant les choses en puissance qui peuvent grandir, se développer indéfiniment. C’est la sensation obscure et immense à l’heure où la nature renouvelle ses formes, et c’est le trouble vague et profond d’une pulsion universelle (…).  En somme, j’ai voulu exprimer dans le Prélude la crainte «panique» de la nature pour la beauté qui s’élève, une terreur sacrée devant le soleil de midi, une sorte de cri du dieu Pan ; sa matière musicale elle-même se gonfle, grandit, se répand. Chaque instrument est comme un bourgeon qui pousse sur l’écorce d’un arbre séculaire (…) Et tout l’orchestre doit posséder l’énergie du printemps qui naît.   Dans le premier Tableau, des adolescents se montrent avec une vieille, très vieille femme dont on ne connaît ni l’âge ni le siècle, qui connaît les secrets de la Nature. Elle court courbée sur la terre, ni femme, ni bête. Les adolescents auprès d’elle sont les «Augures printaniers». Ils marquent de leurs pas sur place, le rythme du Printemps, le battement du pouls du Printemps (...).  Les groupes se mélangent ; mais vers la fin le rythme annonce leur brutale séparation en s’accélérant. En effet, ils se divisent à gauche et à droite. Seuls les garçons dansent maintenant. Les deux groupes de garçons se séparent et entrent en conflit, des danseurs vont des uns aux autres et se querellent en simulant un rapt. Mais on entend l’arrivée d’un cortège. C’est celui du Sage, l’homme le plus âgé du clan. Une grande terreur s’empare de tout le monde. Et le Sage donne la bénédiction à la terre, étendu sur le ventre, les bras et les jambes écartés, faisant corps avec le sol. Sa bénédiction est comme le signal d’un jaillissement rythmique. Tous les danseurs forment des spirales, bondissant et jaillissant sans cesse pour traduire les nouvelles énergies de la nature : c’est la « Danse de la Terre ».   Le deuxième Tableau commence par le jeu des adolescentes. Au début un Prélude est basé sur le chant mystérieux qui accompagne les danses des jeunes filles. Celles-ci marquent par leurs rondes l’endroit où, à la fin, sera enfermée l’Élue. L’Élue est celle qui doit être consacrée pour rendre sa force au Printemps (…). Puis c’est la «Glorification de l’élue ». Ensuite c’est « L’invocation des Ancêtres ». Et les Ancêtres se groupent autour de l’Élue qui commence à exécuter la «Danse sacrale ». Lorsqu’elle est sur le point de tomber épuisée, les Ancêtres glissent vers elle comme des monstres rapaces. Pour qu’elle ne touche pas le sol en tombant, ils la soulèvent et la tendent vers le ciel.  Le cycle annuel des forces qui renaissent et qui retombent dans le giron de la nature est accompli dans ses rythmes essentiels.    Texte extrait de la revue Montjoie, 29 mai 1913, Ce que j’ai voulu exprimer dans le Sacre du printemps par Igor Stravinski   .

Suspendisse leo ex, finibus vel blandit sed, ultricies non dolor. Donec magna tortor, gravida et sem id, consequat accumsan tellus. Maecenas pulvinar elit lacinia. Vestibulum ipsum, a varius dolor volutpat

Ross Weaver / Producer

Cras ex enim, feugiat hendrerit consequat at, posuere in sem. Vestibulum vitae porttitor nibh. Nam eget ultricies risus. Nunc consectetur quam odio, malesuada fames ac ante ipsum primis in 2018/2019

James Franco / Producer